Après le vin bio, voici le vin dit « Nature », il a déferlé dans nos verres aussi vite que sur les vitrines de nos cavistes préférés ou dans des cercles œnophiles branchés.
Il a même conquis la Chine où les dégustations thématique « vins natures » fleurissent dans les grandes villes.
C’est à croire qu’avant, le vin était artificiel, maintenant il est pur, nu, sans artifice…cela me fait penser à cette photo des vignerons nus dans leurs vignes !
Mais sérieusement… qu’en est-il exactement ?
Eh bien depuis septembre 2020, une charte d’engagements a été définie avec l’aide des services du Ministère de l’Agriculture, de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et de la DGCCRF (direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes).
Une nouvelle dénomination, compatible avec la réglementation européenne en vigueur, est née : le « VIN METHODE NATURE », décliné en deux logos (cf encadré) et seuls ceux qui la respectent peuvent apposer le logo qui vous garantit les bonnes pratiques vigneronnes.
Attention, donc, aux annonces abusives qui déclarent le vin nature dès qu’il est sans sulfites ajoutés ! En effet, le vin méthode nature peut contenir des sulfites ajoutés avec un maximum de 30mg/l, mais devra en faire mention sur le logo.
Les 12 engagements de la Charte à respecter :
1. 100% des raisins (de toutes origines : AOP, Vin de France, etc.) destinés à un vin qui se revendique « Vin méthode nature » se doivent d’être issus d’une agriculture biologique engagée et certifiée (Nature & Progrès, AB, ou 2e année de conversion AB à minima).
2. Les vendanges sont manuelles.
3. Les vins sont vinifiés uniquement avec des levures indigènes.
4. Aucun intrant n’est ajouté.
5. Aucune action de modification volontaire de la constitution du raisin n’est autorisée.
6. Aucun recours aux techniques physiques brutales et traumatisantes (osmose inverse, filtration, filtration tangentielle, flash pasteurisation, thermovinification…) n’est permis.
7. Aucun sulfite n’est ajouté avant et lors des fermentations (possibilité d’ajustement – de l’ordre de S02 < 30 mg/L H2S04 total, quels que soient la couleur et le type de vin – avant la mise ; obligation d’adjonction de sulfites mentionnée sur l’étiquette via un logo dédié).
8. Lors d’un « Salon des Vins méthode nature », les vignerons, comme les organisateurs, s’engagent à présenter la charte à côté des bouteilles ; leurs cavistes indépendants sont encouragés à faire de même, dans la mesure du possible, au sein de leur établissement.
9. Utilisation d’un logo d’identification.
10. L’engagement se fera lors de la mise en « commercialisation » (obligation de résultat) par une « déclaration sur l’honneur », faisant suite à l’avis du bureau du Syndicat ; il sera demandé chaque année pour chaque cuvée (lot clairement identifié).
11. Les cuvées non « Vins méthode nature » doivent être clairement identifiables (étiquetage différencié) chez les signataires.
12. Les signataires s’engageront en leur nom propre et toutes les informations demandées seront mises en ligne.
Pour veiller à son respect, cette charte met également en place une procédure de contrôle avec notamment des contrôles aléatoires, des contrôles et prélèvements sur site par un organisme certificateur, la réalisation d’analyses de sulfite ou résidus de pesticides de synthèse sur les cuvées engagées.
Le vigneron devra tenir à jour la traçabilité des lots de vin méthode Nature. De plus, un tirage au sort de trois domaines qui seront contrôlés chaque année aura lieu, notamment sur la traçabilité et la teneur en soufre.
A l’issue de ces divers contrôles, les cuvées validées par le Syndicat pourront arborer le label « Vin méthode nature ». Ceci permettra à la DGCCRF (, le cas échéant, de s’appuyer sur la définition issue de la Charte pour contrôler et sanctionner les éventuelles tromperies aux consommateurs.
Pour le Syndicat de Défense des « Vins Nature», l’objectif affiché est désormais de faire adopter cette Charte par le plus grand nombre de vignerons. A ce jour, une cinquantaine de vignerons sont adhérents au Syndicat, soutenus également par de nombreux professionnels du vin tels des cavistes ou restaurateurs.
Réservée aux vins européens, cette démarche privée sera à l’essai sous l’observation de l’INAO pendant au moins trois années, avant, éventuellement, de devenir réglementaire.
Sources :
https://avity-avocats.fr/la-denomination-vin-methode-nature-officiellement-reconnue/
https://dico-du-vin.com/vin-nature-ou-lincroyable-engouement-mondial-pour-le-vin-naturel-le-vin-nu/
https://www.vitisphere.com/actualite-92429-Tous-nus-pour-la-fin-des-vendanges.html